Gestion des boues urbaines

Dernier maillon de l’épuration des eaux usées, l’évacuation des boues, nécessite la mise en œuvre de filières réglementaires et pérennes. Ces filières garantissent une destination des boues respectueuse de l’environnement et des milieux aquatiques. L’extraction régulière des boues des bassins d’épuration influe également sur la qualité du rejet des stations d’épuration.

COMMENT LES BOUES SONT-ELLES GÉNÉRÉES ?

Les boues proviennent de l’épuration des eaux usées domestiques dans les stations d’épuration. Les eaux usées sont brassées dans des bassins favorisant le développement des micro-organismes qui dégradent et absorbent la matière organique. Les boues sont ensuite séparées, par décantation, des eaux épurées rejetées au milieu naturel. Constituées en majorité d’eau, de sels minéraux et de matière organique, les boues contiennent de l’azote et du phosphore, éléments fertilisants pour les plantes. Chacun d’entre nous produit environ 3 litres de boues par jour.

QUELLES DESTINATIONS POUR LES BOUES D’ÉPURATION ?

Le recyclage en agriculture sous statut de déchet

Le procédé doit respecter les prescriptions de l’arrêté du 08 janvier 1998 :

  • une étude préalable d’épandage doit être réalisée,

  • un programme d’analyse des boues et des sols doit être prévu,

  • un registre d’épandage doit être tenu.

Les boues peuvent être utilisées directement sous forme liquide ou être traitées par chaulage, déshydratation poussée, séchage ou encore compostage…, afin d’améliorer leur intérêt agronomique et leur manutention.

L’arrêté du 20 avril 2021, modifiant l'arrêté du 30 avril 2020 précisant les modalités d'épandage des boues issues du traitement des eaux usées urbaines pendant la période de covid-19, restreint l’épandage :

  • aux boues hygiénisées au regard de l’article 16 de l'arrêté du 08/01/1998 (méthanisation thermophile, séchage thermique, chaulage sous conditions, compostage) ou au regard de l'arrêté du 5 septembre 2003 (compost normé NFU 44-095),
  • aux boues non hygiénisées mais respectant les critères suivants :

- chaulage minimum 30 %, puis stockage 3 mois*;

- séchage solaire avec ou sans plancher chauffant permettant d'atteindre une siccité minimale de 80 %*;

- digestion anaérobie mésophile, puis stockage 4 mois*;

- lagunage ou rhizofiltration ou rhizocompostage. Les boues doivent être extraites après une mise au repos du dispositif de traitement pendant au moins un an.

* abattement des coliphages somatiques de 4 log pour chaque lot de boues à épandre. 

La transformation en compost normé sous statut de produit

Les boues de très bonne qualité peuvent être transformées en compost normé (norme NFU 44-095). Il est utilisé majoritairement en agriculture mais aussi par des pépiniéristes ou sur des espaces verts. La norme impose des objectifs de qualité plus sévères que la réglementation « déchet », en particulier sur les éléments traces métalliques et la microbiologie. Tout compost de boues conforme à la norme peut être commercialisé au même titre qu’un engrais organique.

Le Décret n° 2021-1179 du 14 septembre 2021, relatif au compostage des boues d'épuration et digestats de boues d'épuration avec des structurants, détermine les conditions dans lesquelles les boues d'épuration et les digestats de boues d'épuration peuvent être traités par compostage conjointement avec d'autres matières utilisées comme structurants et issues de matières végétales, dès lors que l'opération permet d'améliorer les caractéristiques agronomiques des boues et des digestats de boues.

L’élimination par incinération :

Plusieurs possibilités existent :

  • incinérateur dédié aux boues sur le site de la station d’épuration,

  • co-incinération avec les ordures ménagères,

  • incinération en cimenterie en tant que combustible,

  • oxydation par voie humide…

Tous ces procédés détruisent la matière organique. La partie minérale restante est évacuée en Installation de Stockage de Déchets.

Le stockage des boues en I.S.D.N.D :

La mise en décharge de déchets non ultimes est interdite depuis le 1er juillet 2002. Les Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux (I.S.D.N.D, ex CET classe II) doivent être considérées comme des filières de secours. L’agence de l’eau dissuade fortement cette filière par des pénalités sur les primes pour épuration des collectivités concernées.

L’arrêté du 20 avril 2021 modifiant l'arrêté du 30 avril 2020 précisant les modalités d'épandage des boues issues du traitement des eaux usées urbaines pendant la période de covid-19 restreint l’épandage :

  • aux boues hygiénisées au regard de l’article 16 de l'arrêté du 08/01/1998 (méthanisation thermophile, séchage thermique, chaulage sous conditions, compostage) ou au regard de l'arrêté du 5 septembre 2003 (compost normé NFU 44-095),
  • aux boues non hygiénisées mais respectant les critères suivants :

- chaulage minimum 30 % puis stockage 3 mois*;

- séchage solaire avec ou sans plancher chauffant permettant d'atteindre une siccité minimale de 80 %*;

- digestion anaérobie mésophile puis stockage 4 mois*;

- lagunage ou rhizofiltration ou rhizocompostage. Les boues doivent être extraites après une mise au repos du dispositif de traitement pendant au moins un an.

*abattement des coliphages somatiques de 4 log pour chaque lot de boues à épandre.

 

Traitement des boues d’épuration (photo)Photo : traitement de boues d'épuration ©Remy Langereau

Photo des lits de sechagePhoto : lits de séchage des boues ©Frédéric Janisset

Photo de compostiere en SavoiePhoto : compostière en Savoie ©Rémi Touron

LES PRÉCONISATIONS DE L’AGENCE DE L’EAU

La proximité des lieux de production et d’utilisation font de l’épandage des boues brutes en agriculture la filière la plus économique et respectueuse de l’environnement.
Le chaulage, la déshydratation poussée, le séchage en améliorent la performance.

Lorsque cette filière n’est pas adaptée (secteurs à faible surface céréalière, à forte pente, à mitage important, à forte influence touristique…), privilégier le compostage des boues, en particulier le compost normé (NFU 44-095) qui permet de diversifier les débouchés.

Pour les stations de taille moyenne à grande, plusieurs solutions sont envisageables pour diminuer les volumes de boues et les stabiliser avant de les envoyer en épandage, de les composter ou de les incinérer : séchage thermique mixte ou solaire, digestion (avec production de biogaz et injection dans le réseau de gaz naturel ou utilisation comme carburant).

 

LES MOYENS MIS EN ŒUVRE PAR L’AGENCE DE L’EAU

Faire émerger une planification intercommunale des filières de gestion des boues

Le devenir des boues soulève plusieurs questions : choix entre épandage ou autre filière, mutualisation des ouvrages de traitement, impact environnemental des filières, image de la filière épandage, pérennité du recyclage…
L’agence de l’eau finance en priorité les ouvrages de traitement des boues portés par des Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) et prévus dans les plans régionaux de prévention et de gestion des déchets non dangereux.

Soutenir la mise en place de missions départementales d’expertise et de suivi des épandages

Les Missions d’Expertise et de Suivi des Épandages (MESE) vérifient la conformité réglementaire des pratiques d’épandage. Leurs avis sur chaque filière sont pris en compte par l’agence dans le calcul des primes et par le Préfet lors de la validation des filières. Les MESE sont le moteur d’un processus permanent d’amélioration de la qualité des épandages de boues.

Sur les bassins Rhône-Méditerranée et Corse, les Chambres d’agriculture assurent cette expertise.

Un accord-cadre entre le Préfet, le conseil départemental bien souvent, la Chambre d’agriculture et l’agence de l’eau définit le contexte et les modalités de ces missions d’expertise. Le financement est assuré à 70% par l’agence de l’eau, la partie restante étant financée par la Chambre d’agriculture et sur certains départements par le conseil départemental.

Carte des MESE-2022
Carte des départements ayant mis en place une MESE sur les bassins Rhône-méditerranée et Corse. Les départements concernés sont le 01, 04, 05, 09, 11, 13, 21, 25, 30, 34, 38, 39, 42, 48, 52, 66, 70, 71, 73, 74, 83, 84, 88, et 90.

    

Inciter les collectivités à améliorer la qualité des boues, composts et épandages

Les primes pour épuration incitent les collectivités à agir. Une diminution du montant de la prime est appliquée lorsque la destination des boues n’est pas conforme : en cas d’envoi de boues ou de composts pollués en installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) par exemple.