Des haies et des mares pour maintenir la biodiversité
L’appauvrissement de la biodiversité en France est une réalité. 23 % des amphibiens sont en danger d’extinction (rapport UICN de mars 2021), tout comme 19 % des poissons d’eau douce et 28 % des crustacés d’eau douce. Et déjà 20 % d’oiseaux ont disparu des milieux agricoles entre 2002 et 2018. Il est temps d’agir ! Parmi les solutions pour enrayer ce phénomène : la restauration massive des éléments naturels du paysage rural, appelées infrastructures agro-écologiques (haies, mares, arbres isolés, murs de pierre sèche…). Pour les espèces dont le cycle de vie est lié aux milieux aquatiques (amphibiens, libellules certains mammifères et papillons…) c’est la garantie de pouvoir circuler entre des milieux aquatiques (trame bleue) et des milieux plus secs (trame verte) pour s’alimenter et se reproduire. Sur l’ensemble de ces lieux de vie appelé « trame turquoise », recréer ou préserver des habitats et des corridors écologiques est donc essentiel. En outre, les réseaux de haies et de mares permettent d’améliorer la qualité de l’eau, de limiter le ruissellement des eaux et de favoriser leur infiltration dans le sol. Ils rendent aussi des services aux agriculteurs en protégeant les cultures et les élevages des aléas du climat, en favorisant la pollinisation et la lutte biologique contre les ravageurs. Dans une certaine mesure, l’exploitation du bois issu d’un entretien mesuré des haies peut également contribuer à réduire la facture énergétique des acteurs du territoire.
Le Marathon de la biodiversité, 42 km de haies et 42 mares
Le "Marathon de la biodiversité" est une opération d’envergure qui vise à restaurer ou à créer un réseau bocager à l’échelle d’un territoire, avec pour cible 42 km de haies et 42 mares. L’appellation, décernée par l’agence de l’eau, récompense les efforts des acteurs locaux qui ont la volonté d’aboutir à un résultat ambitieux, en écho au défi sportif que représente un marathon.
L’agence de l’eau finance ce marathon de la biodiversité dans le cadre de son programme d’intervention et plus particulièrement d’appels à projets Eau et Biodiversité qui vont mobiliser 55 millions d’euros sur la période 2019-2024. En 2021, cet appel à projets Eau et Biodiversité va apporter 10 M€ pour les études et travaux des collectivités financés à hauteur de 70 %. Le Marathon est ouvert à toutes les collectivités des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse.
La Plaine de l’Ain entre dans la course
Après la Communauté de communes Saône-Beaujolais qui a initié cette démarche, c’est au tour de la communauté de communes de la plaine de l’Ain de prendre le relais du Marathon de la biodiversité. Elle reçoit une aide de l’agence de l’eau à hauteur de 460 000 euros pour accompagner cette opération.
Le Camp des Fromentaux, un ancien terrain militaire en cours de reconversion, a été choisi pour le lancement du Marathon de la Biodiversité avec la plantation de la première haie. Au total, 1,2 km de haies seront plantés dans des secteurs utiles au déplacement d’espèces liées à l’eau. Pour cela, la communauté de communes pourra s’appuyer sur l’expertise scientifique et technique du Syndicat des Rivières Ain Aval et Affluents (SR3A) qui a défini les zones favorables à l’extension d’espèces représentatives de la plaine de l’Ain (triton alpestre, crapaud commun et murin de Daubenton). D’une pierre deux coups, les haies participeront également à maintenir certaines espèces déjà présentes sur le site comme la pie-grièche écorcheur, la linotte, le verdier, le chardonneret élégant, ainsi qu’à protéger les pelouses sèches.
Les variétés et espèces plantées sont sélectionnées pour leur utilité aux espèces (aubépine commune, cornouiller sanguin, érable champêtre, prunellier, rosier des champs, frêne élevé, charme, châtaignier, pommier sauvage…) et sont issues d’une production locale certifiée Végétal Local.