Désimperméabiliser les sols pour mieux gérer les eaux de pluie

Communiqué du 05 octobre 2021

Avec l’augmentation de l’imperméabilisation des sols, de plus en plus d’eau de pluie est collectée dans les réseaux d’assainissement. Les systèmes d’assainissement débordent y compris pour des petites pluies, et sont à l’origine de pollution des milieux naturels. En 2020, les réseaux d’assainissement de 223 collectivités des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse ont débordé plus de 20 jours par an et au total ce sont 35 millions de m3 d’eaux usées qui sont partis dans le milieu naturel, sans traitement, via les déversoirs d’orage. C’est 2 fois moins qu’en 2018 grâce aux investissements réalisés par les collectivités pour une meilleure surveillance des rejets.

L’agence de l’eau soutient les projets de désimperméabilisation des sols en incitant à la déconnexion des eaux pluviales des réseaux d’assainissement, pour les infiltrer. Depuis le début de son 11ème programme d’action (2019-2024), elle a apporté environ 20 M€ d’aides aux collectivités territoriales et aux aménageurs des territoires.

Déconnecter les réseaux et gérer les eaux pluviales à la source

En France, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés chaque année (source ministère de la transition écologique), ce qui augmente le ruissellement des eaux pluviales sur des surfaces imperméabilisées où elles se chargent en pollution, et engorgent les réseaux d’assainissement unitaires.

En favorisant l’infiltration de l’eau de pluie là où elle tombe, la désimperméabilisation des sols permet de réduire la pollution et préserver la qualité des cours d’eau et des nappes en limitant la collecte d’eau de pluie dans les réseaux unitaires afin de réduire leurs débordements et les rejets vers les rivières.

photo jardin de pluie-CERTU web
Mieux gérer les eaux de pluie, c’est aussi un moyen de s’adapter au changement climatique car les eaux infiltrées rechargent directement les nappes souterraines. Et les solutions mises en œuvre, telles les noues végétalisées ou encore les jardins de pluie, permettent bien souvent de végétaliser les villes et ainsi de lutter contre les îlots de chaleur l’été. On estime à 1,5 degré supplémentaire la différence de température entre un milieu urbain et un jardin ombragé. C’est également bon pour la biodiversité.
Enfin, les collectivités peuvent réaliser des économies en investissement et en entretien, en réduisant la taille des ouvrages d’assainissement et en traitant moins d’eau dans les stations de traitement des eaux usées.

Depuis 2019, l’agence de l’eau a investi 20 M€ pour la désimperméabilisation des sols

Malgré la tendance à l’artificialisation croissante, depuis le début de son 11ème programme d’intervention (2019-2024), l’agence de l’eau a apporté 20 M€ d’aides pour près de 200 opérations (études, animation et travaux) portées par des collectivités territoriales et des aménageurs du bassin Rhône-Méditerranée, dont les projets conduisent à la désimperméabilisation de plus de 100 hectares. Dans le cadre de son appel à projets "Aménagez un coin de verdure pour la pluie", l’agence de l’eau a apporté environ 12 millions d’euros pour reverdir les cours d’écoles d’une centaine d’établissements scolaires et infiltrer l’eau dans des zones qui seront désimperméabilisées et en partie végétalisées.

Ecole clemenceau-Grenoble David Miele web

"La gestion des eaux de pluie est aujourd’hui un défi majeur de nos politiques d’assainissement, affirme Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. La gestion traditionnelle des eaux pluviales évacuées par des réseaux d’assainissement a en effet montré ses limites, provoquant dans bien des cas des pollutions par le débordement des réseaux. C’est la fin du "tout tuyau" au profit des solutions fondées sur la nature et de la désimperméabilisation des sols. Les collectivités sont le maillon central de ce changement de paradigme parce qu’il répond à des enjeux environnementaux et sanitaires mais aussi parce qu’il répond aux attentes sociétales pour des villes qui laissent davantage place à la nature. Voiries, parkings, cours d’école… sont autant d’espaces à désimperméabiliser et à ré-inventer en leur associant d’autres usages propices à la biodiversité et au bien-être".