Le comité de bassin de Corse adopte le programme d’intervention 2019-2024 de l’agence de l’eau et le plan de bassin d’adaptation au changement climatique

Actualité du 24 septembre 2018

Le comité de bassin de Corse, réuni ce jour à Corti sous la présidence de Saveriu Luciani, Conseiller exécutif, Président de l’Office d’Equipement Hydraulique de Corse, a adopté le plan de bassin d’adaptation au changement climatique et le programme d’intervention 2019-2024 de l’agence de l’eau, fortement orienté sur l’adaptation des territoires au manque d’eau.

Le 11ème programme d’intervention de l’agence de l’eau 2019-2024


Ce vote positif du programme d’intervention est le résultat de plusieurs mois de concertation avec les usagers de l’eau mais aussi de mobilisation collective afin de conserver des capacités de financement à la hauteur des enjeux de l’eau, dans un contexte où les redevances des agences de l’eau sont revues à la baisse en application des dispositions de la loi de finances 2018.

Baisse de la pression fiscale

Les redevances collectées par l’agence de l’eau sont en légère baisse par rapport au programme précédent pour répondre à l’objectif national de réduction des prélèvements obligatoires. Plafonnées annuellement par l’Etat, elles sont payées par chaque usager en fonction de sa consommation d’eau et de la pollution rejetée dans le milieu naturel. Dans son 11ème programme, l’agence de l’eau en fait un outil incitatif pour faire évoluer les comportements vis-à-vis du changement climatique. Ainsi, économiser l’eau, ce sera aussi payer moins de redevances.

75 millions d’€ pour financer des projets pour l’eau en Corse

Au regard de ces contraintes de réduction budgétaire, le nouveau programme est construit au sein d’une logique de priorisation des actions : l’adaptation au changement climatique qui bénéficiera de 40 % du montant total d’aides, la reconquête de la biodiversité aquatique et marine, la lutte contre les pollutions toxiques et la solidarité en faveur des territoires ruraux défavorisés nombreux en Corse (avec 250 M€ d’aides prévues en faveur de ces territoires). Conformément au constat dressé dans le cadre des Assises de l’eau, il est en effet nécessaire d’aider les collectivités concernées à relancer leurs investissements en matière d’eau potable et d’assainissement.
Au total, pour les 6 prochaines années, l’agence de l’eau va investir plus de 2,6 milliards d’euros, dont 75 M€ pour la Corse, pour financer les projets des maîtres d’ouvrage qui agissent pour l’atteinte du bon état des eaux et des milieux aquatiques.

En Corse, le plan de bassin d’adaptation au changement climatique guidera les actions et les financements du 11ème programme vers les secteurs déficitaires en eau pour lesquels il faut agir vite et fort.

Un plan de bassin pour s’adapter au changement climatique de façon ciblée

Adopté ce 24 septembre par le Comité de bassin de Corse, ce plan de bassin d’adaptation au changement climatique a été lancé en 2017 afin de définir une stratégie pour réduire la vulnérabilité des territoires, en ciblant les zones prioritaires.
C’est un document stratégique majeur. Il vise à apporter les réponses pour l’eau face au changement climatique en Corse. Il a vocation à constituer une référence dans ce domaine pour les différents documents de planification ou d’aménagement, en particulier le SDAGE et le PADDUC, mais également les documents d’urbanisme.

Sous la direction de Saveriu LUCIANI, vice-président du comité de bassin, Président de l’office d’équipement hydraulique de Corse, un comité technique, constitué de membres du comité de bassin, de l’agence de l’eau, des services de l’Etat ainsi que de la Collectivité de Corse, a élaboré le plan en trois phases :

 

  • la réalisation d’un bilan des connaissances scientifiques sur l’évolution du climat,
  • la production de cartes de vulnérabilité du bassin afin d’identifier précisément les territoires qui nécessitent le plus grand nombre d’actions d’adaptation pour les enjeux suivants : la disponibilité en eau superficielle et souterraine, l’assèchement des sols, la fragilisation de la biodiversité aquatique, humide et littorale, le risque d’eutrophisation des rivières (lié aux rejets d’eaux usées et accru avec le réchauffement de l’eau et la baisse des débits) et les risques d’inondation,
  • une stratégie et des mesures concrètes d’adaptation déclinées pour chaque territoire vulnérable.


Les cartes révèlent que les territoires Balagna - Agriate, Capicorsu - Nebbiu, Bastia - Bivincu et Sudu Este sont les régions les plus vulnérables de l’île qui nécessitent des actions prioritaires. Viennent ensuite Tavignanu - Fium’Orbu, Prunelli - Gravona et Punente.

Sur ces secteurs, le plan recommande d’agir en majorité sur le partage et les économies d’eau, la prévention de l’assèchement des sols, ainsi que sur la biodiversité. Mais il faut aussi y renforcer l’effort d’épuration des eaux usées pour améliorer la qualité d’eau et lutter contre l’eutrophisation des rivières.

Pour les territoires moins impactés tels que Fium’Altu - Bravona, Rizzanese - Ortolu, Baracci, Golu, Taravu et Levante, la mobilisation reste toutefois essentielle car ils présentent une vulnérabilité forte pour au moins un enjeu.

Plus globalement, en Corse, les actions prioritaires à mettre en place concernent :

  • la gestion quantitative de l’eau (45% des actions) : améliorer la performance des réseaux de distribution en eau potable, substituer des prélèvements durant l’été et préserver les ressources disponibles, grâce à des pratiques plus économes en eau, la réutilisation des eaux usées traitées …

 

  • la biodiversité (25%) : préserver ou restaurer les milieux aquatiques humides et littoraux pour permettre aux espèces de trouver des refuges, de la nourriture et de se reproduire.